Dans un article publié dans Nice-Matin ce 14 avril 2025, relatant la grave collision d’un cycliste avec un poteau anti-intrusion installé sur la piste cyclable de la Promenade des Anglais, plusieurs voix se sont exprimées. Le cycliste blessé, Morgan, témoigne des conditions dangereuses de cet aménagement. Antonio Barros, représentant de Nice à Vélo, y rappelle l’importance d’impliquer les usagers dans la conception des infrastructures. Mais la seule réponse officielle de la Ville, par la voix de Gaël Nofri, adjoint à la circulation, consiste à renvoyer la responsabilité sur les cyclistes, en évoquant un supposé excès de vitesse. Face à ce refus de remise en question, Nice à Vélo réagit.
Plutôt que de s’interroger sur un aménagement manifestement perfectible, l’adjoint à la circulation, Gaël Nofri, préfère pointer du doigt les cyclistes et leur vitesse, sans même connaître les circonstances précises de la collision. Mettre systématiquement la responsabilité sur les usagers, c’est l’excuse facile de l’aménageur qui refuse de se remettre en cause.
Un aménagement mal pensé, mal signalé, mal adapté… mais la faute, apparemment, ce serait celle du cycliste blessé.
Nous rappelons, comme le souligne l’approche Vision Zéro, que la sécurité ne peut pas reposer sur l’hypothèse que les usagers et usagères ne commettent jamais d’erreur. Nos routes sont faites pour les humains; les humains font des erreurs. Si l’on conçoit des aménagements où la moindre inattention peut avoir des conséquences graves, alors ces conséquences finiront par se produire. C’est pourquoi les infrastructures doivent être conçues pour prévenir les erreurs… et surtout, pour qu’elles n’aient pas de gravité lorsqu’elles se produisent.
Ici, les usagers et usagères font ce qu’ils et elles peuvent avec ce qu’on leur donne. Ce qu’on leur a donné, ce sont des poteaux placés au milieu de leur trajectoire, mal signalés, mal éclairés (l’éclairage des vélos, en ville, est fait pour être vu, non pas pour éclairer son chemin et les obstacles), et dangereux même à vitesse réduite. Il suffit de voir les témoignages nombreux d’autres cyclistes ayant chuté dans les mêmes circonstances.
Dans le cas présent, piste cyclable et poteaux ont été réalisés en même temps. Il y avait donc toute latitude pour penser un aménagement cohérent. Et pourtant… la distance entre les poteaux n’est pas toujours la même et varie de 1,25 m à 1,40 m. À certains endroits, comme à Gambetta, le poteau est placé sur la médiane, pas sur la trajectoire. Mais à Sainte-Hélène par exemple, la piste se retrouve divisée en trois, avec des passages de 60 cm et 1 m de chaque côté et un passage central plus large (1,40 m) qui pousse les cyclistes venant des deux sens à s’y engager – et donc à se croiser de front. Sans oublier les situations impliquant une remorque ou un vélo-taxi…
Nice à Vélo ne demande pas de revoir tout l’aménagement aujourd’hui. Ce serait trop coûteux à refaire, et d’autres quartiers ont besoin d’aménagements cyclables en priorité. Ce que nous demandons, c’est une prise de conscience. Que la Ville reconnaisse que des erreurs ont été commises, dont celle-ci est l’une des plus flagrantes. Que les mobilités actives ne soient plus la dernière roue du carrosse en termes de gestion des risques, mais traitées avec le même soin que les modes motorisés. Que les retours des usagers et usagères soient mieux pris en compte à l’avenir, au lieu d’être balayés d’un revers de main sous couvert de “problèmes de comportement”.
Nice mérite mieux que des aménagements figés, pensés sans concertation, où l’on protège d’un danger avéré mais exceptionnel (l’intrusion), en créant un risque quotidien de collision pour les usagers et usagères les plus vulnérables.