Aller au contenu

Baromètre Vélo 2025 : que disent les citoyens sur Nice et sa métropole ?

La plus grande enquête citoyenne sur le vélo affiche une légère amélioration des notes de Nice et de Cagnes-sur-Mer

Nice, le 23 septembre 2025 – La FUB (Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette) a dévoilé jeudi 18 septembre les résultats de son Baromètre Vélo 2025, l’enquête de référence sur le ressenti des habitants face aux conditions de circulation à vélo dans leur commune. Avec 334 301 réponses pour cette 4ᵉ édition, il s’agit de la plus grande enquête citoyenne sur le vélo au monde. Mais que disent les résultats pour Nice et sa métropole ?

Membre de la FUB, l’association Nice à Vélo a analysé les données relatives au contexte local. Les résultats montrent que, pour la première année, les cyclistes de la métropole niçoise reconnaissent certains efforts des collectivités. Mais la marche reste longue avant de devenir une véritable « Terre de vélo », comme l’affirme le slogan métropolitain.

Les résultats du Baromètre Vélo 2025 sont disponibles sur https://barometre-velo.fr

Les éditions précédentes peuvent être consultées sur https://barometre.parlons-velo.fr 

Nice : une légère mais encourageante amélioration

Baromètre 2017Baromètre 2019Baromètre 2021Baromètre 2025
Climat Vélo
(Note globale)
F
défavorable
(2.59 / 6)
F
défavorable
(2.37 / 6)
F
défavorable
(2.60 / 6)
E
plutôt défavorable
(2.90 / 6)
Nombre de répondants409576591877
Note sécuritéN/DG
(2.16 / 6)
F
(2.54 / 6)
F
(2.69 / 6)

Pour la première fois depuis 2017, Nice progresse d’un palier : son « Climat Vélo » passe de F (défavorable) à E (plutôt défavorable). Le Baromètre indique un score d’évolution de 19 % au cours des deux dernières années *, un ressenti qui place Nice en deuxième position des grandes villes de la région Sud, derrière Avignon (+27 %). 

« C’est une amélioration légère, mais encourageante », analyse Antonio Barros, administrateur de Nice à Vélo. « L’augmentation du nombre de répondants (+48 % par rapport à 2021) montre que l’intérêt pour le vélo grandit. Mais le réseau reste très insuffisant pour répondre aux besoins des usagères et des usagers. Il a fallu 8 ans pour franchir un seul palier : désormais, il faut accélérer le déploiement d’itinéraires sécurisés et de services adaptés pour continuer à progresser. »

* NB : Le score d’évolution ne correspond ni à une comparaison avec l’édition précédente, ni à la simple proportion de répondants estimant que la ville a progressé. Il est calculé à partir des réponses à la question « À votre avis, la place du vélo ces deux dernières années s’est… dégradée / améliorée » (échelle de 4 niveaux). Le résultat peut donc être un pourcentage positif (progression) ou négatif (régression).

Ressenti des usagers : des progrès timides, des problèmes persistants

Les usagers constatent une petite amélioration dans la plupart des catégories, mais plusieurs points noirs demeurent :

  • Sécurité aux carrefours et ronds-points : toujours ressentie comme très insuffisante, malgré une légère amélioration (de G à F).
  • Sécurité pour les enfants et seniors à vélo : reste au niveau le plus bas (G).
  • Services et stationnement : meilleure catégorie (C), mais la facilité de location de vélos chute de B à C avec la fin de Vélobleu au profit d’opérateurs privés.
  • Stationnement sauvage sur les aménagements cyclables : toujours au niveau G.
  • Déviations lors des travaux : la prise en compte de la continuité des itinéraires cyclables lors des travaux n’affiche aucune amélioration, problème persistant (niveau G).

Carte participative : des réussites reconnues, des zones rouges déjà signalées

L’enquête proposait aux participants de pointer sur une carte :

  • Les améliorations réalisées (les points verts) : les aménagements de Gambetta Sud, Buffa, Cassini et l’axe nord-sud (Auguste Raynaud – Congrès) sont largement salués. Leur qualité (séparation du trafic motorisé et piéton, largeur suffisante, confort aux intersections) en fait des modèles à reproduire.
  • Les zones à améliorer (les points rouges) : plusieurs zones concentrent les critiques des cyclistes.
    • Rue et traverse Barla : au cœur du débat sur l’extension de la Promenade du Paillon. Malgré la réduction de la circulation, aucune piste n’est prévue, en contradiction avec la loi. Nice à Vélo a déposé un recours gracieux et n’exclut pas une action en justice.
    • Boulevard Carabacel : identifié comme axe stratégique pour relier l’Est, le centre et Cimiez, ce projet lauréat du Fonds mobilités actives (2019) a été abandonné. Une pétition lancée par Greenpeace local a déjà recueilli plus de 3 000 signatures.
    • Boulevard Gambetta Nord : chaussée dégradée, vitesse élevée et cohabitation difficile avec bus, surtout en montée, en contraste avec la partie Sud.
    • Carrefour de Magnan : point névralgique jugé extrêmement dangereux, sans aménagement cyclable malgré une circulation massive.

D’autres secteurs apparaissent en « nuages rouges » : Riquier, les deux rives du Paillon au niveau de l’ancien Palais des Congrès, boulevard de Cimiez, avenue Saint-Lambert, avenue Jean-Médecin, avenue Gorbella et l’Arénas.

Ces « points rouges » ne sont pas seulement des zones de danger ou d’inconfort : ils dessinent de véritables lignes de désir, c’est-à-dire les itinéraires que les cyclistes considèrent comme les plus directs et les plus efficaces pour leurs déplacements quotidiens, mais qui restent dépourvus d’aménagements adaptés. Leur récurrence sur la carte révèle une demande claire : sécuriser ces axes structurants

« Beaucoup de ces points correspondent à nos alertes restées sans réponse de la Métropole, voire à des dossiers contentieux pour non-respect de la Loi d’orientation des mobilités », souligne Antonio Barros. « L’avenue Saint-Lambert en est l’exemple : une piste devait être créée lors du chantier du parking Jeanne d’Arc, mais a été oubliée. Le Baromètre confirme que notre plaidoyer reflète les attentes concrètes des usagers. »

  • Les points bleus : la carte du Baromètre permet également aux répondants d’indiquer où ils aimeraient voir davantage de stationnements vélo sécurisés. Plusieurs lieux emblématiques ressortent clairement : place Garibaldi, avenue Jean-Médecin (notamment au croisement Dubouchage), place Masséna, gare Thiers, gare Riquier, place du Général-de-Gaulle, port Lympia et le Vieux-Nice.

Ces points bleus mettent en lumière une demande massive de solutions de stationnement sûres et visibles dans les secteurs les plus fréquentés de la ville. Les usagers expriment ainsi un besoin d’équipements adaptés non seulement à proximité des pôles de mobilité (gares et correspondances), mais aussi dans les lieux de forte affluence commerciale et touristique.

« L’absence de stationnements sécurisés dans ces zones stratégiques reste un frein majeur à l’usage du vélo au quotidien », souligne Antonio Barros. « Ces résultats confirment qu’il ne suffit pas d’aménager des pistes : sans arceaux en nombre suffisant, sans consignes ou stationnements protégés, les cyclistes hésitent à utiliser leur vélo pour faire leurs courses, se rendre au travail ou sortir le soir en ville. »

Cagnes-sur-Mer : la meilleure note de la Métropole (avec un D)

Baromètre 2017Baromètre 2019Baromètre 2021Baromètre 2025
Climat Vélo
(Note globale)
D
moyennement favorable
(3.22 / 6)
E
plutôt défavorable
(2.72 / 6)
E
plutôt défavorable
(2.88 / 6)
D
moyennement favorable
(3.27 / 6)
Nombre de répondants6586110172
Note sécuritéN/DF(2.64 / 6)E(2.74 / 6)E(3.01 / 6)

À Cagnes-sur-Mer, la situation s’améliore sensiblement. La ville retrouve en 2025 sa note D – moyennement favorable, déjà obtenue en 2017, après deux éditions marquées par une dégradation (E en 2019 et 2021). Cette évolution encourageante fait de Cagnes la commune la mieux classée de la Métropole Nice Côte d’Azur.

La participation est en hausse continue : 86 contributions en 2019, 110 en 2021, 172 en 2025. Ce dynamisme illustre une implication croissante des habitants dans le débat sur la place du vélo. Une première analyse des cartes dessine les tendances suivantes :

  • Axes à améliorer en priorité : le bord de mer (mitigé jusqu’à 2017, limité à 10km/h, concentre davantage de mécontentement), l’Avenue des Alpes, le Val Fleuri, l’Avenue de Nice, l’Avenue des Tuilières et le boulevard Maréchal Juin restent au sommet des priorités des cyclistes .
  • Améliorations perçues : l’allée des Tilleuls et le square du 8 mai sont salués par les usagers. Le passage du Garigliano, même s’il n’était pas complètement opérationnel au moment des votes, est déjà salué dans les réponses et bascule du rouge vers le vert depuis la dernière édition.
  • Stationnement demandé : la place de Gaulle, le Cros-de-Cagnes et  les abords de la gare SNCF sont les zones qui concentrent les demandes 

Le ressenti global des cyclistes s’améliore aussi grâce à la mise en conformité progressive des doubles-sens cyclables dans les rues limitées à 30 km/h, et au déploiement de nombreux panneaux “cédez le passage cycliste au feu” (M12). Des avancées bien accueillies, mais jugées encore insuffisantes tant que des itinéraires sécurisés continus ne seront pas déployés.

« Les résultats montrent qu’il y a une attente forte pour des aménagements sécurisés et continus. Les double-sens cyclable et les cédez-le-passage cyclistes sont utiles, mais ils ne suffisent pas à donner confiance aux familles ou aux personnes moins aguerries », souligne Céline Pastorino, administratrice de Nice à Vélo et co-responsable de l’antenne Cagnes à Vélo. « Le bord de mer entre l’hippodrome et le Cros illustre bien le problème : au lieu de sécuriser l’itinéraire, la ville a choisi de brider les cyclistes à 10 km/h, ce qui rend l’usage du vélo inefficace pour les trajets du quotidien. Les usagers attendent des solutions plus ambitieuses. »

« Sur les questions concernant les efforts de la ville (de E à C) et l’écoute des usagers et usagères (F à D) la ville gagne deux niveaux, ce qui est encourageant et récompense son “redémarrage sur le sujet” depuis 2023. Mais les cartes des priorités l’illustrent bien : pour aller de l’avant, la peinture ne suffit pas. Il faudra réaliser de vrais chantiers de sécurisation. » selon Pierre Costini, administrateur de Nice à Vélo et co-responsable de l’antenne Cagnes à Vélo.

Saint-Laurent-du-Var : une stagnation, mais des perspectives encourageantes

Baromètre 2017Baromètre 2019Baromètre 2021Baromètre 2025
Climat Vélo
(Note globale)
non qualifiéeFdéfavorable
(2.49 / 6)
Fdéfavorable
(2.39 / 6)
Fdéfavorable
(2.41 / 6)
Nombre de répondants697363
Note sécuritéG
(2.28 / 6)
G
(2.21 / 6)
G(
2.17 / 6)

Pour la troisième édition consécutive, Saint-Laurent-du-Var conserve la note F – défavorable. Le nombre de contributions reste stable, autour de 60 à 70 réponses, traduisant un intérêt constant des habitants mais aussi un ressenti qui peine encore à évoluer. Pire encore, le score d’évolution affiche une régression de 14 %, signe que beaucoup de répondants estiment que la situation s’est dégradée au cours des deux dernières années.

Les critiques portent principalement sur la sécurité, le confort et le manque d’effort perçu de la municipalité.

  • Axes à améliorer en priorité : l’avenue du Général Leclerc, la Route du Bord de Mer et la Route de la Gare – notamment aux abords des accès au centre commercial Cap 3000 et en raison de l’absence de liaison vers le centre-ville – ainsi que le Parc d’Activités Laurentin.
  • Améliorations perçues : très peu de retours positifs globalement, avec quelques commentaires sur la piste sablée de la rive du Var, à condition de circuler en VTT.
  • Stationnements demandés : surtout à la gare SNCF, à Cap3000, au square Bènes et sur la place Jean Médecin.

Si le ressenti global reste défavorable, plusieurs projets en cours ouvrent des perspectives intéressantes : une piste cyclable structurante est en cours de réalisation sur l’avenue du Général de Gaulle et le square Bènes fait l’objet d’importants travaux de requalification. Ces aménagements ne sont pas encore intégrés dans cette édition du Baromètre, mais ils pourraient marquer un tournant et améliorer la note dans les prochaines années.

« Le Baromètre confirme que les usagers attendent beaucoup mieux, mais les chantiers en cours sont prometteurs. Ils peuvent amorcer une dynamique nouvelle si la ville poursuit et accélère ses efforts », souligne Céline Pastorino.

Villeneuve-Loubet : une implication citoyenne en forte hausse

Baromètre 2017Baromètre 2019Baromètre 2021Baromètre 2025
Climat Vélo
(Note globale)
non qualifiéeC
plutôt favorable
(3.76 / 6)
C
plutôt favorable
(3.86 / 6)
D
moyennement favorable
(3.37 / 6)
Nombre de répondants5398185
Note sécuritéC
(3.71 / 6)
C
(3.76 / 6)
D
(3.21 / 6)

Bien que Villeneuve-Loubet ne fasse pas partie de la Métropole Nice Côte d’Azur, la commune est intégrée au périmètre d’action de l’association en tant que commune limitrophe, dans une logique de continuité du réseau cyclable.

Après deux éditions notées C, la ville obtient en 2025 la note D – moyennement favorable. Cette baisse s’explique probablement par la forte hausse du nombre de contributions : 53 en 2019, 98 en 2021, 185 en 2025, soit un doublement à chaque édition. Avec davantage de participants, la perception devient plus représentative et plus critique.

Le score d’évolution reste néanmoins positif (+22 %), même s’il recule par rapport à 2021 (48 %) et 2019 (45 %). Villeneuve-Loubet se classe ainsi au troisième rang des Alpes-Maritimes sur ce critère.

Cette hausse de participation est largement liée à la mobilisation des salariés d’une entreprise du quartier Bel Air, où environ 100 cyclistes se rendent chaque jour — alors qu’en 2021 l’enquête était encore peu connue dans l’entreprise.

  • Axes à améliorer en priorité : la route de Grasse, l’accès au quartier Bel Air, la liaison bord de mer–village via le tunnel sous l’A8 et par la RD2, ainsi que la liaison avec Cagnes-sur-Mer par la RD6007.
  • Améliorations perçues : l’élargissement de la piste cyclable au niveau de la Roseraie des Plans.
  • Stationnements demandés : principalement au village (notamment devant la mairie, jugée insuffisamment équipée) et dans la zone commerciale de la RD6007, où commerces et voie publique restent dépourvus d’arceaux vélos. En bord de mer, les stationnements sont jugés insuffisants et trop souvent pris d’assaut par les deux-roues motorisés.

« L’engagement des cyclistes villeneuvois, en particulier grâce à la mobilisation des vélotaffeurs, montre qu’il existe une véritable attente. Les habitants veulent des liaisons continues vers Cagnes et vers le village, ainsi que des stationnements sécurisés pour utiliser leur vélo au quotidien », souligne Céline Pastorino.