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Garibaldi / Cassini – Tout ce qu’il faut savoir pour comprendre l’imbroglio

Mise à jour 10/11/2023 : La Ville de Nice a confirmé l’installation de la piste cyclable bidirectionnelle sur la place Garibaldi, séparée du flux de véhicules motorisés.

En savoir plus à la fin de l’article

Il y a un an, l’annonce de la réhabilitation de la rue Cassini est venue comme une bonne nouvelle pour les habitants du quartier et les cyclistes. Les premiers auront une rue apaisée, arborée et agréable à vivre, lorsque les cyclistes auront enfin un accès aux quartiers de l’Est de la ville grâce à une piste cyclable bidirectionnelle qui reliera le centre-ville et le Port dans les deux directions.

Le projet initial prévoyait bien une piste cyclable bidirectionnelle permettant de traverser la place Garibaldi.

Le projet initial prévoyait bien une piste cyclable bidirectionnelle permettant de traverser la place Garibaldi.

Cependant, à une semaine de l’inauguration du nouvel aménagement, nous avons appris que la continuité cyclable de cet axe ne sera pas assurée, puisqu’il n’y aura pas de piste cyclable traversant la place Garibaldi. Plusieurs prétextes ont été avancés par Gaël Nofri, 23ᵉ adjoint et délégué aux transports et à la circulation : des avis défavorables de l’Architecte des Bâtiments de France et du STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés, compétent en matière de sécurité vis-à-vis la traversée des voies du tramway), la nature glissante des pavés, etc. Une décision surprenante, vu que pendant les travaux, en mars, Nice Matin avait questionné la mairie au sujet du revêtement de la piste. La réponse : « La piste cyclable sera […] en continuité de l’aménagement cyclable prévu rue Cassini (c’est-à-dire sur la gauche de la voie dans le sens de circulation), sur le revêtement déjà existant, lisse qui permet d’assurer le confort des cyclistes. »

La proposition actuelle de la ville est de mettre en place une prétendue « zone de rencontre » sur la traversée de la place Garibaldi, avec une voie limitée à 20km/h et un double sens cyclable (DSC) matérialisé avec de la peinture au sol. Un tel aménagement ne correspond guère aux recommandations pour les zones de rencontre, et mettra en danger les cyclistes descendant vers le Port. Ils et elles se retrouveront face à des véhicules lourds tels que des autobus, sur une piste étroite de 4 mètres, sans possibilité de se déporter à cause des blocs en pierre qui séparent la chaussée de la place. Par conséquent, il incitera les cyclistes à utiliser l’espace réservé aux piétons pour se mettre en sécurité, générant un conflit entre les usagers. Néanmoins, la mise en place du marquage au sol a déjà commencé.

L’association Nice à Vélo s’est mobilisée pour essayer d’assurer le maintien de la piste cyclable au plus près du projet initial. Voici une chronologie de l’affaire, qui sera mise à jour au fur et à mesure.


31 octobre : Nous apprenons par les réseaux sociaux que le marquage de délimitation de la piste cyclable sur la place Garibaldi a été enlevé et rebouché avec des pavés indifférenciés. Nous contactons la mairie, Monsieur Nofri nous appelle en indiquant des contraintes techniques pour la mise en place de la piste cyclable et proposant un itinéraire alternatif dans le sens port : les cyclistes venant du centre-ville devraient prendre la traverse de la Bourgada, le Bd Jean Jaurès, traverser la Place Garibaldi par la chaussée derrière la fontaine et ensuite les rues Catherine Segurane et Antoine Gautier pour rejoindre le Port.

1ᵉʳ novembre : Par mail aux MM. Nofri et Richard Chemla, 3ᵉ adjoint et délégué à la transition écologique (qui a compétence sur le Plan Vélo de Nice) et les services techniques de la ville, nous précisons que l’alternative proposée par M. Nofri, en plus d’être un itinéraire incohérent qui rallonge le trajet des cyclistes souhaitant se rendre aux quartiers de l’Est et qui ne bénéficie pas de la sécurité offerte par une piste cyclable, rend inutile la piste bidirectionnelle déjà réalisée sur la rue Cassini. Nous adressons également toutes les contraintes avancées par M. Nofri démontrant qu’ils ne sont pas insurmontables pour justifier la suppression de la piste cyclable telle que prévue dans le projet initial.

3 novembre : Nous sommes contactés par Nice Matin en vue de la publication d’un article à ce sujet. Nous informons nos interlocuteurs de la ville de notre participation à cet article.

4 novembre : Publication de l’article de Nice Matin. Nous apprenons la nouvelle proposition de Gaël Nofri de transformer la voie traversant la place Garibaldi en zone de rencontre, avec un double sens cyclable matérialisé avec de la peinture sur sol. Une solution qui mettra en danger les cyclistes allant en direction du Port, puisqu’ils et elles se retrouveront face à des véhicules lourds tels que des autobus, sur une voie qui ne fait que 4 mètres de large.

Laisseriez-vous vos enfants faire du vélo ici ?

Sur les réseaux sociaux, nous manifestons notre plus ferme opposition à cet aménagement dangereux. Nous sommes accusés de malhonnêteté pour avoir plaidé pour le double sens cyclable et maintenant déclarer qu’il est dangereux. Notre position n’est pas de faire du DSC n’importe où, mais de le faire de façon responsable. La largeur de la piste et le volume de trafic motorisé (8 000 avant les travaux, entre 5 000 et 6 000 estimés par la ville après) rendent le DSC déconseillé par le CEREMA (cf. Fiche 6 vélo – Les double-sens cyclables).

6 novembre : Nous écrivons un mail à l’Architecte des Bâtiments de France pour avoir plus de précisions sur les contraintes architecturales qui auraient pu entraîner la suppression de la piste cyclable. Les bénévoles de Nice à Vélo se rendent encore une fois sur place pour observer la circulation, échanger avec les riverains et envisager des solutions.

Dans l’après-midi, M. Chemla nous appelle en précisant qu’aucune décision ferme n’a encore été prise, qu’il est encore temps et qu’il faudrait organiser une réunion avec M. Nofri. Nous écrivons à celui-ci en vue d’organiser une réunion (qui ne s’est finalement pas concrétisée).

Nous recevons également une réponse de l’architecte des Bâtiments de France, qui indique ne pas avoir été consulté sur les modalités de circulation vélo. Si cela est le cas, selon lui, « la solution la plus raisonnable serait de leur allouer un espace de circulation distinct de celui des voitures, sur la pierre, d’un côté ou l’autre de la bande bitumée […], délimité d’un côté par les blocs en pierre et de l’autre par des clous, ou équivalent, dans tous les cas par un marquage moins invasif que celui des plots. » Nous transférons ce message à M. Nofri, qui nous répond en réaffirmant sa décision de maintenir le double-sens cyclable.

7 novembre : Nice à Vélo envoie un communiqué de presse pour alerter les médias sur la situation, en mettant en avant les dangers de la solution proposée par la ville. Interview avec France Bleu Azur et France 3.

L’après-midi, pendant le Conseil Municipal, Juliette Chesnel pose une question à Christian Estrosi concernant la continuité cyclable à cet endroit. Sa réponse est assez ambigüe, indiquant à la fois que le cycliste « prendra la chaussée et ira tout droit », avec un marquage au sol donnant priorité aux cyclistes sur un « espace qui leur sera consacré ». Nous écrivons à M. Chemla pour demander des précisions sur la réponse de M. Estrosi.

8 novembre : Interview sur place avec Nice Matin. Après l’interview, nous constatons que les ouvriers ont commencé à mettre en place un marquage de zone de rencontre avec double-sens cyclable sur la chaussée. Cet article est publié à 21h30.


La situation concernant la piste cyclable à la place Garibaldi reste donc en cours de discussion et d’évolution. Nice à Vélo continue de suivre de près cette affaire et de plaider pour une solution sécurisée pour tous en espérant que la piste cyclable prévue dans le projet initial sera préservée. Nous tiendrons cet article à jour au fur et à mesure des développements, n’hésitez pas à le revisiter.

Mise à jour 09/11 à 12h

Le marquage au sol est achevé. Les cyclistes peuvent d’ores et déjà se rencontrer coincés entre des véhicules lourds et des blocs en pierre dangereux.

Une signalétique « Zone de Rencontre » a également été mise en place, alors que l’aménagement actuel ne correspond pas aux recommandations du CEREMA pour ces zones, à savoir [1] :

  • traiter l’aménagement pour que la perception soit celle d’un véhicule sur un espace piéton et non celle d’un piéton sur une chaussée.
  • Les véhicules n’ont plus un déplacement linéaire et direct, mais sont invités dans un espace d’abord dédié au piéton et à l’habitant.
  • ne pas compartimenter les espaces, laisser les affectations libres, la possibilité d’évoluer et d’avoir plusieurs usages sur un même espace.

C’est-à-dire : dans les zones de rencontre, les piétons peuvent traverser la voie à n’importe quel endroit et les passages protégés sont supprimés ; le revêtement est assimilé à celui des trottoirs ou zones piétonnes pour que les automobilistes se sentent sur un espace piéton. Par ailleurs, le double sens cyclable y est autorisé sans besoin de marquage au sol. Tout le contraire de ce qui a fait la Ville de Nice.

Mise à jour 10/11 à 21h

L’article de Nice-Matin a été publié ce matin avec l’interview dans lequel nous présentons nos recommandations. Peu après, Christian Estrosi réagit sur X (ex-Twitter) en affirmant qu’un marquage sera fait sur la Place Garibaldi comme prévu dans le projet initial.

Pendant la journée, diverses sources de la municipalité nous informent que des évolutions sont en cours. En fin d’après-midi, nous avons la confirmation. En soirée, nous constatons que les équipes municipales procèdent au marquage de la piste cyclable bidirectionnelle sur la Place Garibaldi, clairement séparée du flux de la circulation motorisée. Il est prévu que le marquage réalisé sur la chaussée soit effacé pendant la nuit.

Nous remercions tous celles et ceux qui ont soutenu notre appel en faveur d’un aménagement de qualité. La requalification de la rue Cassini représente un investissement considérable de plus de 3 millions d’euros pour notre ville. Les résidents de Nice ont le droit légitime de demander un aménagement sûr et de haute qualité, plutôt que des solutions improvisées. Nous tenons à remercier la Ville de Nice d’avoir finalement pris en compte nos demandes, et nous espérons poursuivre des échanges constructifs pour contribuer à la conception des futurs projets d’aménagement et améliorer ceux déjà en place.

À toutes les personnes qui ont répondu « présent » à notre appel pour un rassemblement le samedi matin place Garibaldi, nous nous donnons rendez-vous pour célébrer avec les riverains l’inauguration de ce nouvel axe cyclable, sécurisé et apaisé !

[1] Aménager des rues apaisées. Cerema, 2020

1 commentaire pour “Garibaldi / Cassini – Tout ce qu’il faut savoir pour comprendre l’imbroglio”

  1. Retour de ping : Place Garibaldi sans piste cyclable : les cyclistes jetés dans la fosse aux lions. - Nice à Vélo

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