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Le vélo sous Eric Ciotti : réaction de Nice à Vélo à l’interview du candidat à Nice Presse

Nice, le 8 septembre 2025 – Dans son interview à Nice Presse, le candidat Éric Ciotti a présenté une feuille de route pour la circulation et le stationnement à Nice qui privilégie clairement la voiture au détriment des autres modes de déplacement. Aucun plan cyclable n’est proposé ; au contraire, il annonce refuser l’aménagement de voies cyclables là où il y aurait un risque de nuire à la circulation des véhicules motorisés, et imposer un « moratoire total sur la suppression des places de stationnement ». Il souhaite également remettre la piste cyclable du quai des États Unis sur le trottoir et rétablir le double-sens de circulation pour les voitures sur cette voie.

Pourtant, la mobilité à vélo constitue une solution efficace, accessible et économiquement intéressante : elle répond aux besoins des ménages les plus modestes, améliore la santé des Niçoises et des Niçois, réduit le bruit et participe à la vitalité économique locale. Miser principalement sur la voiture, c’est ignorer qu’un tiers des ménages niçois n’en possède pas. C’est aussi tourner le dos aux aspirations d’une ville plus apaisée et plus attractive.

Une politique de transport en contre-sens

Le candidat affirme ne pas être « l’ennemi du vélo ». Pourtant, en conditionnant tout aménagement cyclable au maintien du stationnement automobile, il rend impossible le développement d’un véritable réseau cyclable. Les rues où l’on peut créer des pistes sécurisées sans toucher au stationnement sont quasi inexistantes. La conséquence est claire : soit des pistes déplacées sur les trottoirs au détriment des piétons, soit l’absence totale d’aménagements. Dans ses propos, le candidat semble par ailleurs ignorer l’obligation d’aménagements cyclables imposée par la Loi.

Le vélo, un mode de transport populaire et accessible

Le vélo est rapide, fiable, bon marché et sain. Il représente une solution concrète pour les ménages les plus modestes, et notamment ceux qui n’ont pas de voiture. Selon l’enquête mobilité Côte d’Azur Est Var 2023, 35 % des ménages niçois ne disposent pas d’une voiture. Même parmi les ménages motorisés, la plupart n’en possèdent qu’une seule, ce qui laisse de nombreux habitants dépendants d’autres modes de déplacement. Une politique exclusivement tournée vers la voiture exclut donc une part importante de la population.

L’erreur du double-sens sur le quai des États-Unis

Le retour au double-sens automobile serait une erreur à plusieurs niveaux :

  • Santé : depuis la mise en sens unique, la pollution atmosphérique a diminué dans le secteur.
  • Sécurité : la séparation claire des flux entre piétons, cyclistes et automobilistes a amélioré les conditions de circulation pour tous.
  • Économie et tourisme : le quai des États Unis et le Port sont devenus plus attractifs pour les Niçois comme pour les visiteurs. Les terrasses et commerces bénéficient d’un environnement plus apaisé et accueillant, ainsi que d’une clientèle croissante qui s’y rend à vélo, plutôt que d’automobilistes de passage qui ne faisaient que traverser la zone.

Rétablir le double-sens et renvoyer les cyclistes sur le trottoir reviendrait à recréer de la congestion et les conflits entre piétons et cyclistes, détériorer l’expérience des promeneurs et donner de Nice l’image d’une ville en retard sur son temps.

Les bouchons : un problème de volume, pas d’espace

Les embouteillages ne proviennent pas d’un manque d’espace pour les voitures, mais de leur trop grand nombre. L’expérience le montre : même là où il n’existe pas de pistes cyclables (A8, voie Mathis, pénétrante du Paillon), les automobilistes restent bloqués quotidiennement. La seule façon de réduire la congestion est d’offrir des alternatives attractives : transports en commun performants, marche et vélo sécurisés. En encourageant ces modes de déplacement, on réduit le nombre de voitures en circulation et on fluidifie les trajets pour ceux qui en ont réellement besoin : professionnels, personnes âgées ou à mobilité réduite, transport de marchandises ou de charges lourdes.

Une question de santé publique et de qualité de vie

Les Niçois demandent moins de bruit, moins de pollution et davantage de sécurité et d’espaces apaisés. Le développement du vélo répond à ces attentes. Il favorise une meilleure qualité de l’air, réduit la pollution sonore et libère de l’espace public pour les piétons et les riverains. Les mobilités actives ne sont pas une lubie idéologique : elles sont une réponse rationnelle et efficace aux besoins de la ville et aux aspirations de ses habitants.

Choisir l’avenir plutôt que le retour en arrière

La voiture a longtemps structuré Nice comme la plupart des villes françaises, mais ce modèle montre ses limites. L’avenir passe par une politique de mobilité inclusive, qui permette à chacun — automobilistes, cyclistes, piétons et usagers des transports collectifs — de se déplacer efficacement, en sécurité et en préservant son pouvoir d’achat. Revenir sur les avancées cyclables actuelles, encore trop limitées, serait une faute historique. Nice mérite une vision ambitieuse, apaisée et durable de sa mobilité, tournée vers l’avenir et non figée dans les pratiques du passé.