Le maire de Nice a adopté le 30 octobre 2025 l’arrêté municipal 2025-04940 qui impose le port du casque aux conducteurs d’engins de déplacement personnel motorisés (EDPm), catégorie de véhicules à laquelle appartiennent les trottinettes électriques. L’association Nice à Vélo s’intéresse à ce sujet dans la mesure où les trottinettes électriques représentent un moyen de transport alternatif à la voiture individuelle avec lequel les cyclistes partagent les aménagements cyclables.
Nous saluons l’attention portée à la sécurité des usagers les plus vulnérables de la route, dont font partie les conducteurs de trottinettes, tout comme les cyclistes et les piétons.
Cependant, rendre le port du casque obligatoire va au-delà des prescriptions du Code de la route, sans apporter de réelle amélioration de la sécurité.
Cette mesure risque même de détourner le débat des vraies priorités : la réduction de la vitesse des véhicules motorisés, l’aménagement de voies sécurisées et la cohabitation apaisée entre usagers.
Le casque n’empêche pas les accidents
Le principal danger pour les usagers d’EDPm ne vient pas de leur absence de casque, mais des interactions avec les véhicules motorisés.
Les trottinettes électriques ont d’ailleurs l’obligation d’emprunter les aménagements cyclables lorsqu’ils existent, preuve que leur sécurité dépend avant tout de la qualité de ces aménagements.
Les mesures efficaces sont connues :
- des aménagements cyclables continus et sécurisés,
 - un apaisement général de la circulation,
 - et une conception sécurisée des intersections, où se produisent la majorité des collisions.
 
Le casque n’empêche pas les mauvais comportements
La Mairie justifie en partie cette obligation par le comportement jugé dangereux de certains conducteurs de trottinette. Mais porter un casque ne rend pas plus prudent.
La sécurité passe par la sensibilisation, l’éducation et l’application du Code de la route, non par des obligations symboliques. C’est en faisant respecter les règles existantes que la collectivité agira efficacement.
Une exception réglementaire qui n’est pas souhaitable
En légiférant sur les équipements obligatoires au-delà de ce que prescrit le Code de la route, la collectivité semble se substituer à l’État. Un maintien de cet arrêté ouvrirait la porte à une fragmentation de la cohérence nationale des règles de circulation, alors même que la sécurité routière repose sur leur clarté et leur uniformité.
Il n’est souhaitable pour personne que les principes généraux de circulation changent d’une commune à l’autre, au risque de désorienter les usagers, et notre association invite la collectivité à se conformer aux règles déjà existantes.
Des leviers d’action déjà prévus par la loi
Les infractions les plus fréquentes sont déjà sanctionnées par le Code de la route :
- Circulation sur trottoir : amende de 135 €
 - Refus de priorité à un piéton : 135 €
 - Transport de passager : 135 €
 - Utilisation d’un engin débridé : 135 € et mise en fourrière possible
 - Circulation avec un engin dépassant 25 km/h par construction : 1 500 à 3 000 € et mise en fourrière possible
 
Faire appliquer ces règles serait bien plus utile que d’ajouter une obligation supplémentaire.
Par ailleurs, il serait pertinent de sanctionner les commerces proposant des services de débridage, qui encouragent des usages dangereux.
Conclusion
Le casque est un équipement de protection utile, et Nice à Vélo en recommande l’usage régulier. Mais en faire une obligation pour les usagers détourne l’attention des véritables priorités (aménagements sécurisés, réduction de la vitesse et du nombre de véhicules motorisés, répression des conduites dangereuses), décourage la pratique et ralentit la transition vers des alternatives à la voiture individuelle.
