Nice à Vélo saisit la justice pour faire respecter la loi sur les aménagements cyclables
La Ville de Nice a inauguré le 18 octobre dernier l’extension de la Promenade du Paillon, un projet d’aménagement emblématique présenté comme un symbole de « ville verte » et de transition écologique. Ce vaste espace de nature en plein centre-ville apporte indéniablement un gain de qualité de vie pour les habitantes et habitants.
Le projet a également permis des avancées cyclables notables : la piste bidirectionnelle de l’avenue Félix Faure et de l’avenue Saint-Jean-Baptiste a été prolongée jusqu’à la traverse Jean Monnet, au niveau du Palais des Expositions. Ce nouveau tronçon, dont l’inauguration est prévue d’ici la fin de l’année, permettra d’améliorer la continuité du réseau cyclable structurant. Par ailleurs, le projet a résolu une ancienne discontinuité entre la piste de la rue Cassini et celle de la Promenade du Paillon, grâce à la création d’une piste cyclable bidirectionnelle sur la place Yves Klein.
Mais malgré ces progrès, d’importantes lacunes subsistent : aucun aménagement cyclable n’a été prévu sur les traverses Barla et Maréchal de Lattre de Tassigny, pourtant entièrement rénovées et réaménagées dans le cadre du projet.
Un maillon manquant qui coupe la ville en deux
Ces deux traverses constituent des axes stratégiques pour relier le centre-ville aux quartiers de l’Est, notamment Riquier. Leur exclusion du réseau cyclable crée une rupture majeure dans la continuité des déplacements à vélo : la Promenade du Paillon devient une véritable barrière à la mobilité cyclable, coupant Nice en deux.
Les cyclistes doivent désormais effectuer de longs détours, parfois de près de 2 kilomètres, entre la Promenade des Anglais et le Parvis de l’Europe (traverse Jean Monnet), les seuls contournements sécurisés existants.
Pire encore, plusieurs aménagements cyclables existants ont été supprimés pendant les travaux :
- la piste cyclable unidirectionnelle du boulevard Risso a disparu ;
- la bande cyclable de la traverse Barla a été supprimée ;
- la piste bidirectionnelle prévue sur la traverse de la Bourgada, pourtant visible sur la maquette initiale du projet, n’a jamais été réalisée.
Pourtant, des pistes cyclables sur le Bd Risso, la traverse Barla et la traverse de la Bourgada étaient bien présentes dans les premiers visuels de présentation, toujours visibles sur le site du projet.
Sans ces aménagements, le quartier de Riquier se retrouve isolé du réseau cyclable, aussi bien à l’ouest — du fait de l’absence d’aménagements sur les traverses Barla et de Lattre de Tassigny — qu’à l’est, où la requalification du boulevard de Riquier ne prévoit pas non plus de piste cyclable conforme aux obligations légales.
Une question de sécurité avant tout
L’absence de ces aménagements ne relève pas d’un simple oubli : elle pose un véritable enjeu de sécurité.
La traverse Barla a été identifiée comme l’un des axes les plus dangereux de Nice selon le Baromètre Vélo 2025 de la Fédération des Usagères et Usagers de la Bicyclette (FUB).
En l’absence de pistes ou de bandes cyclables, les cyclistes doivent partager la chaussée avec un trafic motorisé dense, exposant les usagers les plus vulnérables à des risques accrus de collision.

Nice à Vélo saisit le Tribunal administratif
L’article L.228-2 du Code de l’environnement impose aux collectivités de créer des itinéraires cyclables lors de toute rénovation de voie urbaine, afin de garantir la sécurité et la continuité des déplacements à vélo.
En ne respectant pas cette obligation sur les traverses Barla et de Lattre de Tassigny, la Métropole Nice Côte d’Azur et la Ville de Nice ont manqué à leur devoir légal.
C’est pourquoi Nice à Vélo a déposé un recours devant le Tribunal administratif de Nice, après des recours gracieux restés sans réponse.
L’association demande au tribunal :
- d’annuler les décisions implicites de refus d’intégrer des aménagements cyclables ;
- et d’enjoindre la Métropole et la Ville à revoir le projet pour y inclure des itinéraires cyclables conformes à la loi, dans un délai de trois mois.
« La Promenade du Paillon doit unir la ville, pas la diviser
« La Promenade du Paillon doit unir la ville, pas la diviser.
En négligeant le vélo dans ce grand projet, la Métropole crée une frontière artificielle entre l’Est et l’Ouest de Nice et prive les habitants de Riquier d’un accès sécurisé au réseau cyclable.
Nous demandons simplement que la loi soit respectée, et que les niçoises et les niçois puissent circuler à vélo en toute sécurité. »
— Pierre Costini, administrateur de Nice à Vélo
Une démarche constructive
Nice à Vélo tient à le rappeler : il ne s’agit pas de remettre en cause le projet dans son ensemble. Le parc constitue un progrès réel pour la qualité urbaine de Nice. Mais la mobilité à vélo doit, elle aussi, avoir sa place dans un projet de cette ampleur. Respecter la loi et intégrer des aménagements cyclables adaptés, c’est garantir la cohérence d’une véritable politique de transition écologique et permettre à toutes et tous de choisir le vélo en sécurité.