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Région Sud : les associations vélo s’allient pour faire du vélo une vraie option du quotidien

Quinze associations d’usagers du vélo de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont annoncé le 21 novembre 2025 engager un travail commun en vue d’un Collectif Vélo régional. Cette neuvième instance associative régionale aura pour objectif d’être force de propositions citoyennes auprès des collectivités territoriales afin de rendre possible le choix du vélo dans toute la région 

Avignon, le 21 novembre 2025 – Quinze associations d’usagers du vélo de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, réunies au sein d’une démarche collective régionale, tirent la sonnette d’alarme : notre région reste en queue de peloton en matière de sécurité à vélo au quotidien, malgré un engouement croissant des habitants pour la pratique du vélo.

Réunies à Avignon à l’occasion des rencontres inter-associatives de la FUB (Fédération française des Usagères et Usagers de la Bicyclette), les associations qui représentent collectivement près de 10 000 personnes affirment d’une même voix leur volonté de faire du vélo un véritable mode de déplacement du quotidien, à la hauteur des enjeux de mobilité, de santé publique et de transition énergétique.

Elles annoncent engager en travail commun en vue de créer d’un collectif vélo régional, une structure qui regroupe des associations d’usagères et usagers du vélo et d’autres acteurs autour d’un objectif commun : développer les mobilités actives à l’échelle d’un territoire.

À l’image des collectifs déjà constitués en huit régions françaises, ce collectif aura pour vocation de coordonner les actions régionales, mutualiser les forces, et porter une voix commune, légitime et structurée auprès de la Région, des Départements et des intercommunalités, dans une logique de subsidiarité avec leurs membres.

Les représentants des associations vélo PACA réunis ce vendredi 21 novembre dans les locaux de Roulons à Vélo, à Avignon

Un engouement citoyen indéniable, mais un retard persistant

Depuis 2019, la pratique du vélo s’ancre durablement dans les habitudes des Françaises et des Français. La fréquentation cyclable a augmenté de 40 % en quatre ans, confirmant que le vélo devient un véritable mode de transport du quotidien pour un nombre croissant de personnes.

Cette évolution est soutenue par les politiques nationales : la Loi d’Orientation des Mobilités (2019) reconnaît le vélo comme mode de transport à part entière, et l’État encourage son essor à travers le Plan Vélo national, lancé en 2018 puis renforcé en 2023.

Ce développement s’accompagne de bénéfices majeurs pour les territoires : amélioration de la qualité de l’air, réduction de la congestion, dynamisation de l’activité locale, gains significatifs pour la santé publique (la pratique régulière du vélo permettant de réduire de 30 % le risque de maladies cardiovasculaires, selon Santé publique France). Autant d’atouts particulièrement pertinents dans une région où les enjeux de santé et d’aménagement urbain sont cruciaux.

Pourtant, le potentiel reste largement freiné par le manque d’infrastructures cyclables sûres et continues. Le Baromètre Vélo 2025 de la FUB en témoigne clairement : plus de 20 000 habitants de la région ont répondu à l’enquête, soit une progression de +59 % entre 2019 et 2025. Cette mobilisation massive traduit une attente forte : des aménagements cyclables sécurisés, lisibles et adaptés aux trajets du quotidien.

Mais la région Sud demeure avant-dernière en France, avec une note moyenne de 2,73/6, correspondant à un climat vélo « très défavorable ». Sur les 102 communes qualifiées, aucune n’obtient la note A, seules 3 décrochent un B, et près de 80 % se situent entre E et G : les catégories les plus faibles du classement.

Parmi les plus grandes villes de la région, même les mieux notées, comme Avignon, n’atteignent qu’un niveau moyennement favorable — preuve que le potentiel est largement sous-exploité et que les infrastructures actuelles ne suffisent pas à accompagner la demande.

En somme : les habitants sont prêts. Les usages progressent. Les bénéfices sont démontrés. Ce qui manque encore, ce sont des politiques cyclables ambitieuses, coordonnées et centrées sur la sécurité du quotidien.

Un appel régional à rendre possible la pratique du vélo au quotidien  

Les associations saluent les investissements réalisés en faveur du cyclotourisme, à travers des itinéraires structurants comme EuroVélo, ViaRhôna ou Via Venaissia, qui constituent de véritables atouts pour l’attractivité et l’image de la région Sud. Ces aménagements montrent que les collectivités sont capables de porter des projets ambitieux, continus et de grande ampleur.

Cependant, cette dynamique gagnerait à être mieux articulée avec les besoins du vélo du quotidien, celui des trajets vers le travail, l’école, les commerces, les services publics. Aujourd’hui encore, de nombreux habitants peinent à adopter le vélo faute d’itinéraires sécurisés reliant les lieux de vie essentiels.

Les collectivités territoriales – des communes aux intercommunalités, des Départements jusqu’à la Région – jouent un rôle déterminant pour permettre à chacun de se déplacer à vélo au quotidien. Le potentiel est immense : en France, plus de la moitié des trajets du quotidien font moins de 5 km, une distance facilement réalisable à vélo pour une grande partie de la population.

Des solutions concrètes sont à portée de main

Il est possible, dès à présent, de rendre le vélo accessible à toutes et tous grâce à des actions simples, éprouvées et déjà mises en œuvre dans de nombreux territoires en France et en Europe.

Développer de véritables réseaux cyclables continus et sécurisés

Cela implique la création d’itinéraires lisibles, cohérents et attractifs, combinée à une politique d’apaisement des rues et des routes : modération de la vitesse, zones 30, doubles sens cyclables, requalification d’axes structurants. Ces mesures favorisent la sécurité, encouragent les déplacements à vélo et bénéficient à l’ensemble des usagers.

Renforcer l’intermodalité avec les transports collectifs

Alors que se déploient les Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) – notamment dans le Grand Avignon et dans les métropoles Aix-Marseille-Provence, Nice Côte d’Azur et Toulon – il est essentiel de garantir des accès à vélo sûrs et pratiques aux gares, pôles d’échange, arrêts de bus et de tramway. Le vélo représente un formidable outil pour étendre l’accessibilité des réseaux de transport collectif et réduire la dépendance à la voiture individuelle.

Développer des services adaptés aux besoins des habitants

Pour soutenir l’usage du vélo au quotidien, les collectivités peuvent mettre en place :

  • des stationnements sécurisés (gares, écoles, centres-villes),
  • des ateliers d’auto-réparation et de vélo-écoles,
  • des services de location longue durée,
  • ou des incitations financières pour encourager l’achat et l’entretien de vélos.

Ces solutions, déjà déployées dans plusieurs territoires, ont montré leur efficacité pour lever les freins et accompagner la transition.

Des aménagements inégaux et un cadre légal souvent ignoré

Les associations constatent de fortes disparités dans la qualité des aménagements cyclables selon les territoires : pistes discontinues, obstacles dangereux, signalisation incomplète ou absente, et projets parfois contraires aux recommandations techniques du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement).

Ces incohérences nourrissent la méfiance des usagers et dissuadent de nombreux citoyens de se mettre en selle, alors même que la demande ne cesse de croître.

Elles rappellent également que les articles L228-2 et L228-3 du Code de l’environnement imposent la prise en compte d’aménagements cyclables lors de la création ou de la rénovation de voiries, en ville comme hors agglomération. Le respect de ce cadre légal est une condition essentielle pour bâtir des réseaux cohérents et sécurisés, sans surcoût ultérieur.

Une parole citoyenne malheureusement encore trop peu entendue, malgré une réelle vitalité associative

Impliquer les représentants des usagers dans les comités techniques et les phases de conception des projets permettrait non seulement de mieux répondre aux besoins réels, mais aussi d’éviter les erreurs coûteuses liées à des réaménagements nécessaires pour corriger ou mettre en conformité des infrastructures mal conçues.

Une concertation précoce et continue est donc synonyme à la fois de meilleure qualité et de meilleure efficacité de la dépense publique. Les associations locales rappellent qu’elles disposent d’une véritable expertise d’usage, bénévole et issue du terrain.

Les 14 associations appellent la Région, les Départements, les intercommunalités et les communes à mettre en place des « comités vélo » pour créer les moyens d’une véritable concertation et coopération associant les élus, les services techniques et les représentants des usagers. Ces comités favorisent une meilleure coordination entre acteurs publics et citoyens, facilitant la planification, le suivi et l’évaluation des politiques cyclables dans un cadre de coopération pérenne. Ils contribuent ainsi à accélérer la mise en œuvre des projets et à garantir la qualité et la cohérence des aménagements sur l’ensemble du territoire.

Dans de nombreux départements et intercommunalités, les associations regrettent le manque de concertation réelle avec les services techniques et les élus, et entre collectivités. Les plans vélo locaux peinent à se concrétiser faute de coordination, de calendrier clair et de transparence budgétaire.

« Nous sommes prêts à coopérer avec la Région et les collectivités. Mais il est urgent que la parole des usagers soit entendue, car le vélo est une solution concrète, efficace et populaire pour transformer la mobilité dans nos territoires. L’expertise d’usage des associations est une ressource précieuse pour bâtir un réseau cyclable cohérent  » Antonio Barros, co-référent régional.


Contacts presse – Co-référents régionaux

Antonio Barros – Nice à Vélo – antonio.barros@niceavelo.org

Christophe Monnier – Collectif Vélos en Ville – collectif@velosenville.org 


Associations signataires

ADAVA Pays d’Aix (13)

Collectif Vélo carpentras et alentours/Comité écologique Comtat Ventoux, Carpentras (84)

Changer d’Ère, Hyères (83)

Château à vélo et autres roues libres, Châteaurenard (13)

Coopgo – Vallée de la Roya (06)

Collectif Vélos en Ville, Marseille (13)

Cyclotrope – Nice (06)

Digne à Vélo, Digne-les-Bains (04)

Nice à Vélo, Nice (06)

RAMDAM (Rassemblement d’Associations pour les Modes de Déplacements Alternatifs dans la Métropole Aix-Marseille-Provence)

Roulons à Vélo, Avignon (84)

Saint-Saturnin Environnement, Saint-Saturnin-lès-Avignon (84)

Vélopistes, Fayence (83)

Toulon Var Déplacements, Toulon (83)

La Petite Vitesse (Vélo Loisir Provence), Pays d’Apt (84)