L’association Nice à Vélo est très concernée par les conditions de circulation et la qualité de l’air dans la Métropole Nice Côte d’Azur. En France, la pollution atmosphérique est responsable de dizaines de milliers de décès prématurés chaque année. Encore en 2018, il y a 6 ans, la ville de Nice était critiquée pour la médiocrité de l’air, la plaçant tout en bas du classement des 100 plus grandes villes françaises1.
La qualité de l’air s’améliore progressivement, notamment grâce au développement des transports en commun et aux réaménagements de voirie qui favorisent les déplacements actifs et décarbonés.
La modification de la circulation sur les quais Lunel, Rauba Capeu et des États-Unis, en 2020, a permis d’éliminer un important point noir en matière de qualité de l’air, tout en résolvant les conflits entre piétons et usagers de la piste cyclable.
Avec une moyenne de 2 230 passages par jour en 2023, on note une hausse de 10% par rapport à l’année précédente. Cette piste est un axe structurant du Plan Vélo de Nice et est aujourd’hui la seule liaison cyclable sécurisée entre le centre-ville et le port, compte tenu de la fermeture de la piste cyclable de la Promenade du Paillon en raison des travaux.
Le déplacement de la piste cyclable du trottoir à la route a bénéficié non seulement à ses usagers, mais aussi aux piétons qui peuvent se promener en toute tranquillité, sans devoir constamment surveiller les dangers potentiels. Ceux et celles qui soutiennent que « la piste pourrait très bien revenir sur le trottoir » ne doivent certainement pas se promener ici très souvent. Heureusement, l’image satellitaire de Google Maps n’a pas encore été mise à jour et nous permet de voir l’ancienne emprise de la piste cyclable sur les trottoirs des quais des États-Unis, Rauba Capeu et Lunel. Remettre la piste cyclable sur le trottoir implique de réduire de moitié l’espace réservé aux piétons sur certains tronçons. Qui pourrait vouloir revenir à cette réalité ?
Image satellitaire du quai Rauba Capeu pré-2020. Remettre la piste cyclable sur le trottoir implique de réduire de moitié l’espace réservé aux piétons sur certains tronçons. Source : Google Maps
La transformation de cet axe a eu un fort impact positif sur la qualité de l’air de ce secteur. Les études réalisées en 2015 et 2021 par AtmoSud sont éloquentes à ce sujet :
- La fermeture dans le sens ouest-est du quai des États-Unis a permis de réduire d’environ 60 % le trafic routier sur cet axe, entraînant une nette amélioration de la qualité de l’air locale.
- Un report du trafic est certain en particulier sur Jean-Jaurès, via le tunnel, ce qui a moins d’impact sur l’air ambiant.
- Les campagnes de mesures d’AtmoSud en 2015 puis en 2021 sur le quai des États-Unis ont permis d’estimer les moyennes annuelles de concentration de NO2, gaz nocif émis par la combustion dans les moteurs de véhicules thermiques. Comparées à l’évolution observée par la station fixe située Place Arson ou au niveau régional (moyenne de tous les sites fixes en NO2), on observe une amélioration de l’ordre de 30 % de la concentration de NO2 le long de ces quais.
Les quais des États-Unis et Lunel et les rues adjacentes ne sont plus aujourd’hui une des zones les plus polluées de la ville, au grand bénéfice des riverains, des cyclistes, et des piétons.
Carte de l’exposition annuelle de la population au dioxyde d’azote (NO2), animation de 2015 à 2022.
Source : capture d’écran du site AtmoSud
Compte tenu du bénéfice évident que cela apporte à la population, nous avons appris avec étonnement que la décision de modifier la circulation sur ces quais a été contestée en justice. Il aura peut-être gain de cause, mais nous nous demandons pour qui Monsieur Jean-Michel Bidart, président du « Comité de défense des quartiers du port et de l’environnement », agit vraiment : Les riverains ? L’environnement ? Les Niçois et Niçoises qui aiment se promener en bord de mer ? Leurs enfants ? Les commerçants ? Les restaurateurs qui peuvent bénéficier des terrasses avec une vue plus dégagée ? Il nous semble évident que non ! Et si finalement ce n’était qu’un coup monté par un groupuscule de personnes ancrées dans un passé révolu et pour qui l’intérêt personnel vient avant le bien commun et l’intérêt collectif ?
Un retour à une circulation à double sens sur les quais Lunel et des États-Unis serait un recul regrettable pour l’amélioration de la qualité de vie dans les quartiers du Vieux Nice et du Port. De plus, à l’heure où l’ensemble de la communauté scientifique internationale alerte sur les conséquences néfastes du dérèglement climatique et du déclin de la biodiversité, la Ville de Nice doit, au contraire, confirmer ses orientations pour une ville plus respirable et apaisée, et continuer sa politique de transition écologique des mobilités pour que les Niçois et Niçoises disposent d’alternatives crédibles à la voiture individuelle.
L’argument des opposants, qui a été accepté par le rapporteur public, se base sur le fait que ces voies sont classées comme « routes à grande circulation », dont le but est d’assurer la continuité des itinéraires, notamment en permettant le délestage du trafic routier en cas de coupure de l’autoroute. Cependant, compte tenu des caractéristiques des quais des États-Unis, Rauba Capeu et Lunel, il nous semble que cette finalité ne sera jamais atteinte, que le sens de circulation soit rétabli ou non. Nous demandons ainsi au Préfet des Alpes-Maritimes et à la Ville de Nice de se saisir du sujet et relancer le dossier pour déclasser cette portion de la liste nationale des routes à grande circulation.
- L’Express, 12 avril 2018. « Nice, championne de l’air vicié » https://www.lexpress.fr/environnement/nice-championne-de-l-air-vicie_1999236.html
Diverses études estiment à 500 le nombre de décès annuels liés à une exposition chronique à la pollution atmosphérique niçoise :
Santé publique France (2016) : 590 décès annuels.
ARS – Agence Régionale de Sante (2011) : 506 décès annuels.
INSEE (2017) : 462 décès annuels.
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