Le tout dernier épisode de la passionnante série « Plus belle la bicyclette » a suscité de nombreuses réactions et continuera à le faire pendant plusieurs mois, voire années.
Cette fois-ci, nous ne voulons pas nous pencher sur la décision prise par le juge du tribunal administratif de Nice ni sur les impacts d’un éventuel retour en arrière, car notre position est déjà très claire et nous ne sommes pas ici pour la défendre. Pas cette fois.
Il nous semble évident que le vrai problème réside ailleurs et que si nous ne cherchons pas à le cibler au plus vite, dans 10 ans, nous serons toujours ici à nous dire les mêmes choses : « Nice n’est pas une ville pour le vélo », « Nice n’est pas Amsterdam », « Les gens prennent la voiture pour aller acheter le pain », « Comment faites-vous quand vous avez des paquets de bouteilles d’eau et de lait ? », « Les cyclistes grillent les feux ! », « Les automobilistes tuent les piétons ! »
Opposer les cyclistes et les automobilistes est devenu le jeu favori du cirque médiatique et de la classe politique niçoise et plus généralement française. Des milliers de messages échangés sur les réseaux sociaux entre les défenseurs et les opposants de l’un ou l’autre mode de déplacement, souvent accompagnés d’insultes très peu édifiantes, des discussions qui ne mènent nulle part. Si l’on devait mesurer la quantité de données inutiles stockées sur des serveurs réfrigérés à l’autre bout du monde, on comprendrait très rapidement pourquoi le secteur des transports représente à lui seul le secteur le plus émetteur de eqCO2 en France.
Et vous pourrez nous accuser, nous l’admettons, de produire une autre forme de pollution digitale avec ce texte.
À quoi bon donc continuer à se quereller si le dialogue n’avance pas ? N’êtes-vous pas fatigués ? N’avons-nous pas des choses plus utiles à penser, à dire, à faire ?
Il nous semble clair que les choses n’avanceront jamais très vite à Nice si pour chaque nouvel aménagement cyclable, un comité de quartier lance une pétition.
Donc, que faire ? Tout arrêter ? Ou… faudrait-il peut-être vraiment commencer à s’écouter ?
Et si nous cherchions à trouver un terrain d’entente ? Et si nous cherchions à nous parler ? Si nous arrêtions de nous cataloguer, de nous mettre dans des boîtes ? Les bobo-écolos d’un côté et les vieux boomers de l’autre.
Nous avons donc une proposition pour Monsieur Estrosi, Maire de la Ville de Nice et Président de Métropole Nice Côte d’Azur, et ses adjoints Monsieur Chemla et Monsieur Nofri, à l’image de celle faite récemment par le nouveau Ministre des Transports, Monsieur Vergriete. Ce dernier a récemment affirmé lors d’un entretien avec Le Monde que « La mobilité doit faire l’objet d’une convention citoyenne » à l’échelle nationale.
L’idée est bonne, mais encore, si mise en place, il ne faudrait pas que les résultats soient bafoués comme c’était le cas avec la « Convention Citoyenne Pour Le Climat ».
Si l’idée pourrait aider à trouver une trajectoire à suivre au niveau national, il est aussi vrai qu’il serait opportun de faire la même chose à plus petite échelle, car chaque territoire a ses particularités et on ne peut pas forcément adopter dans notre territoire ce qui pourrait marcher, par exemple, à Brest.
Pourquoi donc ne pas réunir toutes les personnes concernées (riverains, commerçants, associations, urbanistes, services techniques, climatologues, médecins…) autour d’une table pour qu’ils et elles puissent enfin dialoguer, pour qu’ils et elles soient acteurs et actrices de la transformation de leur métropole, ville ou quartier, sans subir ces décisions venues d’en haut, mais qu’ils et elles en soient force de proposition ?
Nous sommes fatigués de voir qu’un sujet aussi important que la mobilité soit instrumentalisé par des politiques politiciennes de toutes sortes et des camps qui ne semblent avoir qu’un seul but : diviser pour mieux régner !
Nous sommes convaincus que si les problèmes que nous cherchons à résoudre sont clairement expliqués et avec les connaissances, l’expérience et l’avis de tout le monde, nous pourrions finalement tracer une route, un projet, une vision qui soit partagée et qui puisse finalement être mise en place de manière durable.
Nous sommes fatigués d’entendre des annonces en période électorale pour constater ensuite qu’il n’existe aucun projet concret, et que les services en charge du développement des infrastructures cyclables sont toujours contraints de travailler à l’opportunité plutôt qu’avec une vision d’ensemble et à long terme.
Nous sommes conscients que cette proposition tombera très probablement dans les oubliettes et ne recevra pas l’attention qu’elle mérite et augmentera encore un peu plus le tas de poubelle digitale dont nous parlions juste avant, mais au moins, pour une fois, on ne pourra pas nous accuser d’être des bobo-écolos.