Aller au contenu

À l’Est, rien de nouveau ? (très peu…)

La nouvelle bande cyclable de François Guisol est déjà envahie par des voitures qui tentent d'éviter les véhicules garés en double file. À quand un réseau cyclable sécurisé pour les quartiers Est de Nice ?

Depuis plusieurs années, Nice à Vélo demande le développement d’un réseau cyclable sécurisé pour les quartiers Est de Nice.

Nombreuses ont été les propositions évoquées lors des réunions avec les services de la Métropole et aussi les élu.e.s de la Ville de Nice. Dès l’automne 2020, nous avons travaillé avec le comité de quartier Saint-Roch pour faire des propositions d’itinéraires sécurisés pour joindre, du sud au nord et du nord au sud, le quartier du Port avec ceux de Riquier, Saint-Roch, Saint-Charles, Bon Voyage et l’Ariane et au-delà. Ces propositions incluaient en outre les connexions Est-Ouest entre ces quartiers et le centre-ville, mais aussi vers Villefranche-sur-Mer. Nous avons présenté ces propositions lors de différentes réunions techniques avec la Métropole, lors d’assemblées de comités de quartier en présence d’élu.e.s. 

Dès le mois de décembre 2020, on nous a fait part d’un accord global, de principe, sur ces propositions. Il s’agit à la fois d’itinéraires structurants et sécurisés Nord-Sud et Est-Ouest et / ou de limitations de la vitesse à 30 km/h, permettant la cohabitation apaisée entre les différents modes de transport. Et depuis décembre 2020, lors des différentes réunions et assemblées générales de quartier, à chaque fois, la même réponse : on y travaille, des solutions sont à l’étude.

Il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un nous demande « Et quoi de prévu pour les quartiers Est? ». Un nouveau comité de quartier émergeant vers la place Arson est aussi monté au créneau pour demander à bénéficier d’aménagements cyclables.

Quels enjeux pour les territoires de l’Est de Nice ?

Le potentiel ici est énorme et nous affirmons sans aucun doute que le nombre de cyclistes pourrait exploser dans ces quartiers si un réseau cyclable y était aménagé.

Les quartiers Est sont globalement plats entre le fleuve Paillon et les collines (Mont Boron, Mont Alban, Vinaigrier). Ils sont très densément peuplés et la densification se poursuit avec la construction de nouveaux immeubles en cours et à venir. La montée en puissance du Pôle universitaire Saint-Jean-d’Angély, avec le développement d’un complexe Megarama et de nouveaux commerces, la présence de plusieurs lycées, de lieux culturels, de stades, de piscines, de centres commerciaux, de la gare Riquier, la gare routière Vauban, le projet de ligne de tramway n°5 vers l’Ariane, la Trinité et au-delà, tout cela contribue à rendre ces quartiers attractifs pour la jeunesse et les familles, tout en maintenant une bonne qualité de vie pour les personnes plus âgées (présence notamment de nombreux clos boulistes).

Malgré la construction des lignes 1 et 2 du tramway, les véhicules motorisés restent omniprésents, bruyants. Ils nuisent à la qualité de l’air, à la sécurité des personnes les plus fragiles. Rien qu’en 2023, 4 enfants ont été percutés par des conducteurs de voitures ou motos/scooters (Rue Barla, Rue de Roquebilière, Gare Riquier…), mais aussi des adultes comme les deux religieuses de la communauté des Petites sœurs des pauvres renversées près du centre commercial TNL. Les véhicules motorisés répondent mal aux besoins légitimes de mobilité des habitants et usagers de ces quartiers.

Nous connaissons toutes et tous la condition de paralysie des déplacements dans la vallée du Paillon.

Et pourtant les quartiers Est sont aujourd’hui des déserts cyclables. Presque rien n’a été fait, malgré la présence de la ligne 1 du tramway, pour favoriser ce mode de transport. 

Malgré les promesses, rien n’a non plus avancé dans la liaison cyclable entre Nice et Monaco, qui fait pourtant partie de l’itinéraire « EuroVélo 8 – La Méditerranée à vélo ». De nombreux et nombreuses vélotaffeurs et vélotaffeuses y roulent chaque jour, dans un cadre magnifique, certes, mais dans une insécurité routière constante.

Quelques bandes cyclables dessinées dans les rues, comme celle qui vient d’être installée sur la rue François Guisol, ne font pas un réseau cyclable. Elles sont surtout fréquemment envahies par le stationnement en double file de véhicules affichant leurs « warnings ». Certes, la plupart des automobilistes respectent l’aménagement, mais il suffit quelques voitures mal garées pour remettre en question son utilité et sa sécurité.

Quelques aménagements sont bien programmés en 2024, à dose homéopathique, aux abords du collège-lycée Don Bosco. La bande cyclable a été repeinte sur 450 m le long du Paillon. On nous annonce aussi la création d’une piste bidirectionnelle sur l’avenue des Diables Bleus. OK. Mais sur quelle longueur ? S’agit-il uniquement du tronçon entre la route de Turin et le rond-point des Diables bleus ? Ces micro-annonces vont dans le bon sens mais ne sont absolument pas suffisantes pour constituer un réseau.

Lors des travaux d’extension de la Coulée verte au-dessus du fleuve Paillon, le seul aménagement cyclable sécurisé connectant les quartiers Est avec le reste de la ville a été supprimé. Malgré nos avertissements dès 2021, en amont de ces travaux, malgré nos demandes répétées au printemps 2023, rien n’a été aménagé pour permettre aux cyclistes de circuler à l’Est de la ville. De facto, les cyclistes empruntant cet axe structurant se sont rabattu.es sur des solutions dangereuses ou interdites (voie du tramway, contre-sens, …) ou ont abandonné leur vélo. Ainsi, pendant 3 ans (durée des travaux), l’axe qui devrait être structurant par excellence, le long du fleuve Paillon, est impraticable à vélo…

Lors de l’annonce de la piste cyclable reliant la Trinité aux abords du Palais des Expositions, (dont la finalisation est promise pour 2024) il a été annoncé que cela permettrait aux habitant.e.s de la Trinité d’aller à la mer à vélo. Sauf montée subite des eaux, on peut se demander comment une famille arrivant au Palais des Expositions se rendrait à vélo à la mer… 

Une belle mais unique avancée a été (magnifiquement) réalisée dans la rue Cassini, permettant la connexion dans les 2 sens entre le Port et la place Garibaldi. Il a fallu notre intervention pour que cette piste ne soit pas interrompue lors de la traversée de la place Garibaldi. La solution retenue ne permet toujours pas de séparation nette entre les piétons et les cyclistes. La connexion avec l’axe le long du Paillon (et le centre-ville) reste à réaliser. Et malheureusement, comme c’est souvent le cas dans les aménagements cyclables de Nice, l’itinéraire reliant la piste du Port à Cassini n’est pas matérialisé, rendant le tourne à gauche difficile et dangereux (voire illégal, si l’on suit strictement le Code de la Route et évite de franchir la ligne blanche continue qui délimite la piste cyclable…).

Récemment, nous avons cru pouvoir saluer une autre avancée avec un nouvel aménagement cyclable rue François Guisol. Depuis l’automne 2020, nous savons que cet axe Nord-Sud doit permettre aux cyclistes de relier le Port au quartier Riquier et au-delà. Nous attendions cet aménagement avec impatience. Quelle n’a pas été notre déception en constatant qu’il s’est agi simplement d’une bande cyclable peinte sur la rue, le long des voitures stationnées, avec un risque d’emportiérage non maîtrisé. Il manque à cet aménagement 33 cm en largeur pour être conforme aux recommandations du CEREMA (ce centre d’expertise, auquel la Ville de Nice a récemment adhéré, est un établissement public relevant du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires qui accompagne l’État et les collectivités territoriales pour l’élaboration, le déploiement et l’évaluation de politiques publiques d’aménagement et de transport). Les optimistes diront que c’est mieux que rien mais c’est tellement peu, tellement décevant. Cet aménagement de 277 m de long, s’arrête à la rue Barla. Il ne permet pas non plus de l’emprunter dans le sens de la descente vers le Port. Nous sommes encore très très loin de l’axe structurant Nord Sud promis à partir (et en direction) du port.  On nous assure que cet aménagement « ne manquera pas d’évoluer à terme vers un équipement plus sécurisé et qu’en attendant la collectivité mettra tout en œuvre pour favoriser son bon usage ». À voir … 

La récommandation du CEREMA : 1,50 m de largeur hors marquage (Source : Fiche Vélo n˚ 2)
La réalité du terrain : 1,17 m de largeur hors marquage

La Mairie nous objecte la nécessité de ménager la circulation et l’intervention des pompiers. Mais l’expérience des pistes cyclables sécurisées dans de nombreuses villes européennes montre justement que ces pistes, quand elles sont bien réalisées, permettent aux véhicules d’urgence d’échapper au trafic routier et d’intervenir bien plus rapidement.

Le véritable frein au développement de pistes cyclables dans le quartier, c’est le manque de volonté politique de rompre avec le tout voiture, dynamique à proprement parler salutaire et engagée dans nombre de grandes villes européennes. 

On n’atteindra pas de report de déplacements vers les modes actifs et non polluants en préservant la place de la voiture. Une bande cyclable tracée sur le trottoir (pour préserver les voies de circulation et de stationnement automobiles) donne lieu à des conflits entre cyclistes, conducteurs d’EDPm (trottinetes etc) et piétons. Le respect mutuel dû entre différents usagers ne pourra être obtenu qu’en réalisant des aménagements bien conçus, séparant clairement les cyclistes des piétons et aussi des véhicules motorisés.

Pour Nice à Vélo, il est hors de question de réduire l’espace réservé aux piétons; c’est donc bien sur l’emprise des véhicules motorisés que doit se faire le développement de voies cyclables.

Et comme partout en Europe, cela est possible en développant résolument les transports en commun en quantité et en qualité, en supprimant des stationnements en surface ou en supprimant des voies monopolisées par les véhicules motorisés. Ou encore, en réduisant considérablement la vitesse comme dans les zones de rencontres.

Nos propositions de réseau cyclable à l’Est

Réseau structurant : http://u.osmfr.org/m/835629/

Le grand principe qui guide nos propositions de réseau cyclable à l’Est se résume en 3 points :

1) Des axes structurants

Création de 3 axes structurants Sud-Nord / Nord-Sud et 3 axes structurants Est-Ouest / Ouest-Est en pistes cyclables entièrement sécurisées, reliées au reste du réseau.

Nord – Sud : 
  • Le long du fleuve Paillon (ou à défaut, route de Turin, puisque c’est ce qui est envisagé avec la ligne 5 du tramway)
  • Rue François Guisol – rue Auguste Gal – rue de Roquebillière – boulevard Pierre Semard jusqu’à Pont Michel
  • Bd de Stalingrad – Bd Lech Walesa – Bd de Riquier – rue Pape Jean XXIII (ou boulevard Saint-Roch – Virgile Barel – Pierre Semard) jusqu’à Pont Michel
Est-Ouest :
  • Rue Cassini (et Rauba Capeu) – Port – Basse corniche
  • Rue Barla – Moyenne Corniche
  • Avenue des Diables Bleux – Grande Corniche

2) Des axes secondaires maillant l’ensemble du territoire et permettant de rejoindre les axes structurants : voir https://framacarte.org/fr/map/propositions-infrastructures-cyclables-nice-a-velo_82147#16/43.7051/7.2842

3) Des zones de rencontres (circulation limitée à 20 km/h) à proximité des écoles et des zones de forte affluence (ou des vélorues) + des zones à 30 km/h avec double sens cyclable dans les quartiers très denses.

Sur l’avenue François Mitterrand, qui longe le tramway au niveau des stations Vauban et Saint-Jean-d’Angély, les bandes cyclables tracées sur le trottoir sont impraticables et ne peuvent servir qu’à créer des conflits entre les piétons et les cyclistes. Ici, la solution sera sûrement d’aménager une vélorue, où les cyclistes imposent une vitesse limitée aux véhicules motorisés. Cette vélorue desservira le stade Vauban et la gare routière, le complexe Megarama, la Maison des étudiant·es, l’Université, la Maison des sciences de l’homme et de la société, le nouveau jardin public Saint-Jean-d’Angély…

Laisser un commentaire